Saint François en prière de Francisco de Zurbaran (National Gallery, Londres)

Francisco de Zurbaran (1598-1664) est un peintre espagnol. Il a vécu surtout à Séville, et il a beaucoup travaillé pour les Ordres religieux de cette région. Il a consacré au moins 19 tableaux à saint François. Celui-ci date des années 1635-1640. Il mesure 152 x 99 cm.

François y est peint à genoux, sur un fond sombre indéterminé. Les effets de clair-obscur, dans la ligne du Caravage, sont presque violents. On retrouve dans cette œuvre les deux caractéristiques de la peinture espagnole : elle est à la fois réaliste et mystique.

• Réaliste par la manière dont sont rendus le nez, très éclairé, la bouche ouverte, la rugosité du tissu, l’accroc au coude ;
• Mystique par toute l’attitude de François en prière : les mains jointes, mises en valeur par la lumière, le visage partiellement dissimulé à l’ombre du capuchon, ainsi que le crâne qui, ici, rappelle la fugacité de la vie.

On perçoit tout de suite ce que le peintre, et surtout le commanditaire, ont voulu dire de François. En effet, ce tableau a été peint après le concile de Trente, à la période de la Contre-Réforme, appelée aussi Réforme catholique. Tout comme l’Eglise, l’Ordre franciscain connaît alors plusieurs courants réformateurs, dont le plus connu est celui des capucins, marqué par un retour à la pauvreté et par une vie de prière intense en ermitage.

Il est clair que l’accent est mis ici sur la prière dans la solitude. François n’est pas peint de face mais de trois-quarts : il est en relation avec Dieu.

On insiste aussi, et peut-être davantage encore, sur son choix de la pauvreté, avec l’accroc au coude et les pièces au vêtement. Ces détails reflètent les préoccupations dominantes des frères de cette époque. Mais la prière et la vie en pauvreté restent des « valeurs » franciscaines. Comment les vivre aujourd’hui ?

Sr Marie-Bruno Clarisse de Vandoeuvre